Une icône discrète
La Rolex Zubmariner
La Zubmariner est une version rare et recherchée de la Rolex Submariner 16610, identifiable par un cadran au "S" aplati ressemblant à un Z inversé. Ce site vous propose une analyse complète, des comparatifs visuels, et des conseils pour l’identifier avec certitude.Le cadran « Zubmariner », surnommé aussi « cadran Zorro » par les collectionneurs, désigne une variante rare du Rolex Submariner (notamment la référence 16610) caractérisée par une anomalie frappante dans le lettrage du mot “Submariner” sur le cadran. Plus précisément, la lettre “S” y apparaît avec des extrémités aplaties au lieu des courbes habituelles, ce qui la fait ressembler à un “Z” inversé – d’où ces sobriquets évocateurs. Il ne s’agit pas d’une appellation officielle Rolex mais bien d’un nom donné par la communauté pour identifier cette curiosité horlogère, aujourd’hui très recherchée des collectionneurs avertis.

Origine et histoire de cette variante
Le cadran “Zubmariner” semble provenir d’une variation de fabrication accidentelle plutôt que d’une série spéciale volontaire. Rolex n’a jamais communiqué sur un tel cadran, ce qui suggère qu’il s’agit d’une anomalie de production non documentée. La plupart des témoignages situent son apparition à la fin des années 1980, pendant la période de transition entre certaines références Submariner :Sur la référence transitoire 168000 (1987–1988) : plusieurs exemplaires ont été observés avec ce fameux “S” plat. Un collectionneur note que « le ‘Z’ apparaît sur environ 1 exemplaire sur 10 parmi les 168000 » qu’il a pu voir. Étant donné la production très brève de la 168000 (seulement ~7 à 9 mois en 1987/88), cela en fait d’emblée une variante rarissime.Sur les tout premiers Submariner 16610 (1988–1990) : on retrouve également ce cadran atypique sur une petite série initiale de Submariner Date 16610 à calibre 3135. D’après les retours de vendeurs et collectionneurs français, « la mention “Zubmariner” sur le cadran ne se retrouve que sur les modèles de 1988 à 1990 », c’est-à-dire les premières années de production de la 16610. Un exemplaire L-series de 1988 en France présentait ainsi ce cadran Zorro, confirmant que les Submariner produites entre ~1988 et 1990 sont les principales concernées. Après 1990, Rolex aurait corrigé le tir en revenant à un “S” standard sur les 16610 suivantes.Il est intéressant de noter qu’une apparition tardive de ce phénomène a également été relevée au début des années 2000. En effet, certains Submariner produits vers 2002–2004 présentent un “S” partiellement aplati, moins prononcé, que les collectionneurs appellent « semi-Zorro ». Par exemple, on estime qu’environ 5 % des Submariner No Date 14060M de 2002-2006 possèdent ce “semi-Z”. De même, des Submariner Date 16610 de la série K / Y (vers 2002-2004) avec maillons de bout solides (SEL) ont été vendus en soulignant ce “printing quirk” du S. Cette résurgence demeure néanmoins subtile et bien moins connue que les cadrans Zubmariner originels de la fin des années 80.
Caractéristiques distinctives du cadran Zubmariner
Le trait distinctif majeur est donc la forme de la lettre “S” de Submariner : sur un cadran Zubmariner authentique, le haut et le bas du S sont quasiment rectilignes, donnant l’impression d’un Z stylisé. À l’œil nu, cela peut passer inaperçu, mais une comparaison ou une loupe révèle clairement que le S diffère de la police habituelle Rolex. Les collectionneurs anglophones parlent d’ailleurs de “Flat S” pour décrire cette typographie aplatie. Cette illusion de “Z” a inspiré le surnom “Zorro dial”, en référence au personnage qui signait d’un Z, clin d’œil amusant à cette lettre cachée sur le cadran.En dehors de ce “S” zébré, le reste du cadran est en tout point conforme à la production de l’époque, mais on observe d’autres subtilités typographiques corrélées à cette variante. D’après des experts, les cadrans Zubmariner (fin 80s) présentent généralement :- des zéros plus ronds qu’à l’accoutumée dans l’inscription de la profondeur “1000 ft = 300 m” (les 0 ne sont pas ovales comme sur d’autres séries) ;
- le ft, le m et le signe = en italique ;
- l’absence de sérif sur le l de “ft”.Ce sont des détails infimes, mais que les collectionneurs pointilleux aiment recenser pour définir les “Mark” de cadrans. À titre d’exemple, un marchand britannique indique que sur 16610 il existe 6 variantes de cadrans (Mk1 à Mk6), et que « la Mk II se distingue clairement par la forme du S de Submariner qui évoque un Z inversé ». Ce “Mk II” correspond précisément au cadran Zubmariner tritium de la fin des années 80.Visuellement, ces cadrans sont le plus souvent noirs laqués (glossy) avec index à encart blanc (or blanc entourant le tritium) comme les Submariner contemporaines standard. Toutefois, l’effet du temps a parfois altéré leur apparence : Rolex « n’avait pas encore parfaitement maîtrisé son vernis laqué dans les années 80 » et certains de ces cadrans glossy ont « tourné mat au fil du temps, ou montré des craquelures spider dial*». Ainsi, il n’est pas rare de voir un cadran Zubmariner d’époque avec un léger aspect mat ou craquelé, ce qui peut créer des effets optiques supplémentaires sous certains angles. Par exemple, une fine craquelure traversant le cadran pourrait rappeler la barre d’un Z, mais il s’agit bien là d’un vieillissement du vernis et non d’un motif voulu. De même, quelques exemplaires anciens ont vu leur noir profond virer vers des teintes tropicales (brunies ou même tirant sur le violet) – un phénomène d’oxydation du vernis noir qui est très apprécié des collectionneurs de vintage. Un revendeur cite ainsi un « Rolex Zubmariner Purple Dial de 1989 en condition exceptionnelle », cumulant la rareté du S zébré et une patine violette unique (fpluxurywatches.com).En résumé, le cadran Zubmariner se reconnaît d’abord à son inscription “Submariner” atypique, dont le S imprimé de façon plate forme un pseudo-Z. C’est un détail discret mais clairement visible avec une bonne loupe, et qui s’accompagne souvent d’autres particularités de police liées à son époque de production. Ces petites différences, invisibles pour le profane, font toute la joie des collectionneurs qui traquent les variantes rares.

Origines du cadran Zubmariner
Plusieurs éléments historiques peuvent expliquer l’émergence de cette variation. La fin des années 1980 est une période de transition chez Rolex, ce qui a pu engendrer des différences transitoires dans les fournitures de cadrans :
Changement de matériaux et de références : la Submariner ref. 168000 (produite vers 1987/88) fut un modèle de transition, identique à la 16800 mais introduisant un nouvel acier 904L plus résistant. Elle fut très vite remplacée par la ref. 16610 vers 1988/89 (qui ajoutait le calibre 3135). Dans ce contexte, Rolex aurait pu utiliser en parallèle plusieurs fournisseurs de cadrans ou procéder à des essais, d’où l’apparition de variantes. Un auteur note d’ailleurs n’avoir trouvé « aucune documentation officielle Rolex mentionnant la 168000 », suggérant qu’il s’agissait peut-être d’un « prototype de 16800 en acier 904L ». Cela illustre le côté un peu expérimental de cette période, où une anomalie de typographie a pu se glisser.
Évolution des techniques de dial printing : Rolex passait des cadrans mats peints des années 70/ début 80 aux cadrans gloss vernis avec index appliqués en or blanc dans les années 80. Les premiers cadrans gloss (vers 1984–1989) ont montré des problèmes de tenue dans le temps (craquelures “spider”). On peut supposer que la fabrication des tampons ou des plaques d’impression connaissait aussi des ajustements. Un défaut mineur dans le pochoir du lettrage “Submariner” (par exemple des courbes mal définies) aurait pu produire ces S aplatis. Cette hypothèse est cohérente avec le fait que Rolex a rapidement corrigé le tir : la variation ne dure que quelques années, signe qu’une planche d’impression a été remplacée par une version correcte.
Multiplicité des fournisseurs : Rolex faisait appel à des fabricants de cadrans externes (Singer, Beyeler, etc.). Chaque lot de cadrans pouvait présenter de légères différences de typographie ou de laque. Il est possible qu’un fournisseur en particulier ait imprimé le texte “Submariner” avec une police légèrement différente, engendrant le Zubmariner. Sans documentation certaine, les experts ne peuvent qu’émettre des suppositions, mais la piste « un sous-traitant a utilisé une police aux extrémités plus droites » revient souvent dans les discussions.
Transitions de luminescent fin 90s : Bien que la principale occurrence soit fin 80s, on a vu un soubresaut du “S” vers 2002-2004. Or, fin des années 90, Rolex a opéré le passage du tritium au luminova : en 1998, certains derniers cadrans tritium T<25 ont été lumés au luminova sans changer l’inscription, puis vers 1999 sont apparus les cadrans marqués “SWISS” seul (Luminova), suivis en 2000 de “SWISS MADE” (SuperLuminova). Ces changements de production ont pu s’accompagner de petites modifications de polices. Les “semi-Zorro” observés vers 2002 pourraient provenir de stocks de cadrans de transition ou d’un ajustement mineur dans la chaîne d’impression lors de l’introduction des boîtiers sans trous (16610T) et des bracelets SEL autour de 2003. En somme, un contexte de petites évolutions techniques où un détail de police particulier a pu réapparaître brièvement.
En l’absence de communication officielle de Rolex, toutes ces explications restent des hypothèses. L’essentiel est que le cadran Zubmariner résulte très probablement d’un quack technique mineur (police d’impression ou matrice défaillante), rapidement rectifié.Ce n’était ni prévu, ni reproductible à grande échelle, ce qui explique sa rareté. Paradoxalement, ce qui était peut-être un défaut aux yeux de Rolex est devenu une caractéristique prisée aux yeux des collectionneurs d’aujourd’hui.

Réactions des collectionneurs et de la communauté horlogère
La découverte et l’identification des cadrans Zubmariner/Zorro proviennent directement des forums spécialisés et communautés de passionnés. Dès les années 2000–2010, des membres de forums comme The Rolex Forum (TRF), Vintage Rolex Forum (VRF) ou RolexForums ont remarqué ces “S” bizarres sur certains Submariner et partagé leurs observations. L’engouement est toutefois resté confidentiel jusqu’à ce que le phénomène soit mieux documenté. Aujourd’hui, sur des plateformes comme Reddit, on trouve des discussions dédiées où les amateurs postent fièrement leurs trouvailles. Par exemple, un utilisateur présente sa Submariner 168000 dotée d’un tel cadran et un commenter s’enthousiasme : « Hell yeah, looks like a nice 168000 Zorro dial. I have a 16610 “semi-Zorro,” a rare variant that looks kinda Z-like. » (« Génial, on dirait un beau cadran Zorro sur ta 168000. Moi-même j’ai une 16610 semi-Zorro, une variante rare qui a un air de Z. »). Ce genre d’échange montre l’enthousiasme des collectionneurs avertis qui comparent leurs pièces et même introduisent le terme “semi-Zorro” pour nuancer les variations.Sur les forums francophones, le sujet a également fait surface. Le surnom “cadran Zorro” s’est répandu pour décrire ce cadran « dont le S de Submariner ressemble à un Z inversé ». Les membres de Chronomania ou Forumamontres ont relayé les mêmes constatations que leurs homologues anglo-saxons : à savoir que seuls les Submariner de la fin des 80s ont ce détail, et qu’il est « inexistant sur les séries ultérieures ». Lorsque qu’un membre a mis en vente son Sub 16610 avec cadran Zubmariner, d’autres ont souligné la rareté de cette configuration en France, validant qu’il s’agissait bien d’un cadran d’origine et non d’un montage. Globalement, la communauté horlogère francophone a accueilli cette curiosité avec le même intérêt que la communauté internationale : c’est un détail de geek de la montre qui suscite des discussions animées et de la chasse aux infos.Plusieurs experts et collectionneurs chevronnés ont pris position pour confirmer l’authenticité et l’importance de cette variante. Sur Replica-Watch.info, forum technique de passionnés, un membre inquiet demandait si un cadran “Zorro” était authentique. Un modérateur expert (tripdog) a examiné les photos et a simplement confirmé : « Yes it's genuine. » (« Oui, il est authentique. »). Un autre intervenant explique qu’il s’agit selon lui d’un véritable cadran “Zub” des années 80, probablement sur base 16800/168000/16610, et que Rolex « n’avait pas encore parfaitement maîtrisé son vernis gloss à l’époque », ce qui a entraîné des altérations de surface sur certains exemplaires. Ce type de validation par des spécialistes rassure la communauté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une légende urbaine : ces cadrans existent bel et bien, d’origine Rolex.

Par ailleurs, la littérature “semi-officielle” des collectionneurs commence à les documenter. En 2018, un collectionneur renommé (surnommé Baron - Mr Red sur WatchProSite) a publié une série d’articles sur les futures Rolex de collection. Dans son analyse de la Submariner 168000, il mentionne cette curiosité du “S plat” : « For some reason (and this also applies across a few other Submariners) the top and bottom of the S can be flat, making it more like a Zubmariner. (...). The “Z” appears in about 1 in 10 of the ones that I have seen. Finding one with a Zubmariner dial… well, good luck! ». L’auteur insiste sur la rareté extrême de la chose et la considère comme un facteur qui « coche toutes les cases » pour en faire un futur classic collector.De même, sur WatchProSite un membre réagit en qualifiant le Zubmariner de « licorne, presque impossible à dénicher en configuration 100% d’origine ». Un débat y est cité à propos de combien de mois la production a duré et de quelles séries sont concernées, signe que le sujet passionne et interpelle les collectionneurs pointus. Certains trouvent même cette variante « très controversée », probablement parce qu’elle remet en question l’idée d’une uniformité totale chez Rolex et que son existence même a pu être discutée (certains ayant pu croire à une illusion ou à un cadran retouché).En résumé, la communauté horlogère – des forums aux réseaux sociaux – a joué un rôle clé dans l’identification, la validation et la promotion du cadran Zubmariner. Ce qui n’était au départ qu’un détail anecdotique est devenu un sujet d’érudition Rolex, au même titre que d’autres cadrans “erreuriers” ou spéciaux (on le compare souvent, toutes proportions gardées, aux cadrans “Underline”, “Bart Simpson”, ou aux variantes de texte *“Swiss Only”, etc., dans la gamme Rolex vintage). Les réactions oscillent entre la fascination amusée pour cette bizarrerie typographique et l’enthousiasme sérieux du collectionneur qui y voit un élément de valeur historique.

Témoignages d’acheteurs, d’experts et marchands
Plusieurs témoignages directs illustrent l’intérêt grandissant pour le cadran Zubmariner. Par exemple, un horloger-collectionneur qui assemble des montres “Franken” a raconté comment il est tombé sur un cadran original en vente et a « tout de suite remarqué un cadran dont, à [sa] connaissance, il n’existait aucune copie en version rep ». Il a compris par la suite qu’il s’agissait du « fameux cadran “Zubmariner” », et n’a pas hésité à l’acheter pour son projet. Ce simple fait qu’aucun faux n’en circulait à l’époque en dit long : les faussaires n’avaient même pas conscience de cette variante, preuve de son caractère ésotérique réservé aux connaisseurs. Désormais, avec la popularité croissante du concept, il n’est pas exclu que des copies apparaissent, mais jusqu’ici posséder un cadran Zubmariner, c’est l’assurance qu’il provient d’une montre Rolex authentique.Du côté des marchands et experts, le ton est aussi à la mise en valeur. Un revendeur professionnel anglais présente un Submariner 16610 de 1990 en soulignant qu’il s’agit d’un Mk II dial reconnaissable à « la forme du S de Submariner qui ressemble à un Z inversé ». Il ajoute judicieusement : « comme chacun sait, ce sont les petites différences subtiles qui rendent une montre particulièrement prisée des collectionneurs », citant en comparaison d’autres raretés de cadran (le fameux “APH dial” des Daytona, où le mot COSMOGR APH est séparé). Un autre vendeur, Tempvs Watches, décrit un 16610 de 2002 avec ce “printing quirk” du S inhabituel, en expliquant à ses clients que « tous les collectionneurs savent combien de subtiles différences d’impression peuvent faire une énorme différence de prix – les possesseurs de “fat four”, de “6 inversé” ou de “APH” en attestent ». Ces exemples montrent comment les professionnels éduquent désormais leur clientèle sur ce détail, le sortant du cercle des seuls initiés.Sur le marché français, on retrouve la même tendance. Une annonce de particulier précisait bien à l’attention des acheteurs : « Le “S” est différent des autres Submariner 16610 » et insiste sur le fait que c’est un cadran rare d’origine. Là encore, cette transparence sur la spécificité du produit vise à attirer le collectionneur éclairé et à justifier une cote plus élevée (voir section suivante). On constate que les possesseurs de ces montres sont souvent eux-mêmes des passionnés qui connaissent la valeur de ce qu’ils ont et partagent volontiers l’histoire connue de cette variante pour en faire un argument de vente et de plaisir horloger.Enfin, les experts horlogers de renom n’ont pas manqué de s’y intéresser. Des figures comme Eric Ku, John Mayer ou Mondani (grands collectionneurs/éditeurs Rolex) ont évoqué dans des discussions la montée de la cote de certaines “erreurs” vintage, et le Zubmariner s’inscrit dans cette mouvance des “détails qui comptent”. En ce sens, le cadran Zorro est passé du statut d’erreur méconnue à celui de trait de collection reconnu publiquement par des experts, ce qui ne fait qu’alimenter l’engouement.

Rareté et nombre d’exemplaires en circulation
Il est très difficile de quantifier précisément le nombre de Submariner équipés d’un cadran Zubmariner d’origine, mais tous les indices concordent pour dire qu’il s’agit d’une infime minorité.Pour la période 1988–1990 : Rolex ne communiquait pas ses volumes de production par modèle, mais on sait que la ref. 168000 n’a duré que quelques mois. Certains estiment qu’environ 17 000 exemplaires de Submariner 168000 au total ont été produits. Si seulement ~10% d’entre eux arboraient le S aplati d’après les observations empiriques, cela représenterait à peine quelques centaines de montres (peut-être de l’ordre de 1 000 à 2 000 pièces au maximum).Pour les 16610 de 1988-90, la proportion est plus difficile à établir. Il est possible que tous les tous premiers lots (R-series fin 1988, L-series 1989, peut-être début E-series 1990) aient eu ce cadran Mk II, puis que Rolex soit passé à un Mk III corrigé. Si l’on extrapole, cela pourrait concerner quelques milliers d’unités tout au plus. Toutefois, beaucoup ont pu disparaître ou être modifiées : dans les années 90 et 2000, nombre de ces Sub ont pu retourner en service Rolex, où les cadrans tritium vieillissants ont été systématiquement remplacés par des cadrans luminova “service” plus neufs. En effet, Rolex avait pour politique de changer les pièces luminescentes hors tolérance. Un expert note que trouver aujourd’hui un Submariner 168000 avec son tritium d’origine intact est rare car Rolex « avait tendance à échanger les pièces d’origine par des pièces de service » lors des révisions. Par conséquent, chaque fois qu’un cadran Zubmariner a été remplacé en SAV, c’est un exemplaire de moins en circulation – et peu de gens dans les années 90 étaient conscients qu’il fallait conserver ce cadran particulier.Pour la période 2000s (semi-Zorro), les estimations de rareté existent aussi : environ 5% des no-date 14060M des années 2000 auraient un semi-Z, et une proportion similaire sans doute sur les 16610 de 2003-2004. Cela reste un petit pourcentage sur des volumes de production déjà relativement limités (les Sub no-date se vendaient moins que les Sub Date). On peut donc affirmer que même ces “Z partiels” ne courent pas les rues.Au final, le cadran Zubmariner est un véritable chasse rare. Les collectionneurs parlent d’ailleurs de ces montres comme de “Unicorns” (licornes) dans les discussions, tant il est ardu d’en trouver un exemplaire absolument correct (watchprosite.com).Sur les grands forums Rolex, certains membres suivent à la trace les apparitions en ventes aux enchères ou sur Chrono24 de ces modèles pour tenter d’évaluer le nombre d’exemplaires. On pourrait risquer l’estimation suivante : quelques centaines de Submariner “Zubmariner” tous modèles confondus subsisteraient dans le monde, dont une partie non négligeable sans doute plus dans les coffres de collectionneurs qu’en circulation active. La plupart des passionnés qui en possèdent un en sont conscients et les conservent précieusement.Un indice de cette rareté, c’est que chaque apparition publique est scrutée. Quand un exemplaire est listé sur un forum de vente, immédiatement la nouvelle circule sur d’autres plateformes. Un post Instagram récent s’interrogeait : « I wonder how many of the 17,338 produced got Z signed » (« je me demande combien, sur les 17 338 produites, ont obtenu le “Z” »), montrant bien la curiosité qu’il y a à deviner le ratio. En somme, le cadran Zorro reste un mystère quantitatif, mais son statut ultra-rare est indiscutable.

Évolution des prix et de la cote
La cote des Submariner équipées de cadrans Zubmariner a suivi une courbe ascendante ces dernières années, à mesure que la communauté prenait conscience de leur rareté. Longtemps, ces montres se vendaient au même prix que n’importe quel Submariner d’époque – le détail du S passant inaperçu de la plupart. Mais aujourd’hui, les vendeurs mettent en avant cette particularité pour justifier un prix supérieur, et les collectionneurs spécialisés sont prêts à payer le différentiel.Au début des années 2010, on trouve peu de mentions explicites dans les petites annonces. Il est probable que des exemplaires aient changé de mains sans même que le vendeur ou l’acheteur ne sache qu’ils possédaient un cadran spécial.Vers la fin des années 2010, les premières ventes identifiées comme “Zubmariner” apparaissent. En 2018 par exemple, un membre sur un forum anglophone cherchait à évaluer un Submariner 168000 avec cadran Z, ce qui laisse penser qu’une prime commençait à être discutée. C’est aussi l’époque où des articles (comme celui de Baron) ont mis un coup de projecteur sur cette variante, la qualifiant de future classic, ce qui a eu tendance à attirer l’attention des spéculateurs et collectionneurs.Début 2020s : sur le marché français, on a vu en 2021 un Submariner 16610 Zubmariner (sans papiers) proposé à 8 500 € – alors qu’une 16610 tritium classique de la même période vaudrait plutôt dans les 6–7k€ à ce moment. L’annonce précisait bien la rareté du cadran, suggérant que le vendeur intégrait une prime pour ce facteur. La montre s’est vendue (annonce marquée VENDU), preuve qu’un amateur a consenti à payer ce prix. Peu après, en 2022, une annonce sur Facebook par un revendeur (Mondani) affichait un prix de 10 890 € pour une Sub 16610 “Zubmariner” full set de 1988. On voit là une augmentation notable en peu de temps, même si les conditions (avec ou sans boite/papiers) différaient.Sur le marché international, la hausse est comparable. Des ventes aux enchères en ligne ont listé des 168000 “Ghost” avec cadran Zubmariner : par exemple, en 2022 un vendeur sur Reddit proposait une 168000 Zubmariner unpolished pour environ 9 000–12 000 $. Sur Chrono24, on trouve des Submariner 168000 ou 16610 annoncées comme “Zubmariner dial” avec des prix souvent 15–20% supérieurs à des exemplaires équivalents standards. Par exemple, un vendeur américain affichait ~13 500 $CAD pour une Sub Date 168000 de 1988 avec cadran Z.En auctions prestigieuses, comme celles organisées par Christie’s ou Phillips, peu d’exemplaires sont encore passés sous le marteau (cette variante commence juste à être reconnue). On peut s’attendre à ce que, le jour où une maison de vente labellisera clairement “Zubmariner dial” dans un catalogue, les enchères reflètent cette rareté. Pour l’instant, beaucoup de ces montres changent de main de gré à gré ou via des plateformes spécialisées entre connaisseurs.Il faut souligner que la valorisation dépend aussi de l’état et de l’authenticité globale de la montre. Un cadran Zubmariner n’a d’intérêt que s’il est sur sa montre d’origine, non retouché, avec ses aiguilles tritium assorties, etc. Un exemplaire full set (avec boîte, papiers d’époque) verra sa prime encore amplifiée. Un revendeur a d’ailleurs présenté une 16610 de 1990 full set en argumentant que c’était « un set parfait pour collectionneur, mais aussi une montre robuste à porter tous les jours », combinant ainsi l’aspect investissement et usage.Globalement, la tendance des prix est à la hausse pour cette variante, suivant le schéma classique des raretés Rolex : découverte par les forums, appropriation du narratif par les vendeurs, et attrait grandissant des collectionneurs pour ces petits “plus” historiques. Il y a quelques années encore, on pouvait trouver un Submariner tritium fin 80s pour 5–6k€. Aujourd’hui, le même avec cadran Zubmariner peut en valoir le double si l’état s’y prête. Certains collectionneurs estiment que ça reste sous-évalué comparé à d’autres anomalies Rolex (par exemple les cadrans Comex, ou certaines signatures rares), ce qui laisse peut-être encore une marge de progression. Comme le disait Baron dans son article, « cela remplit de nombreuses cases d’un futur classique moderne », sous-entendu qu’investir maintenant dedans pourrait s’avérer payant.Il convient néanmoins de rester prudent : la “Zubmariner-mania” reste un marché de niche. La liquidité est faible, et seuls les passionnés avertis y attachent de la valeur. Mais à leurs yeux, détenir un Submariner Date 16610 ou 168000 avec ce cadran, c’est posséder un petit morceau de l’histoire de Rolex, un de ces clins d’œil involontaires de la marque qui alimentent les discussions. Et ça, comme on dit dans les ventes, « ça n’a pas de prix » – ou plutôt si, désormais, ça en a un… assez élevé et en constante évolution, dicté par la passion des collectionneurs.

Sources : Submariner 16610 “Zubmariner” vendu sur Chronomania (2021); Discussion Reddit “Cool Rolex of the Day – Zorro dial”; Forum RWG – détails du cadran Flat S; Article WatchProSite (Baron, 2018); Commentaires WatchProSite (2018-19)
watchprosite.com ; Forum RWI (2020); Listings de marchands (TheWatchCollector, Tempvs).
